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 Élections locales en Côte d'Ivoire : un baromètre politique avant les présidentielles

Élections locales en Côte d'Ivoire : un baromètre politique avant les présidentielles

Samedi 2 septembre avait lieu les élections locales et municipales ivoiriennes. L'occasion, pour les différentes formations politiques, de tâter le terrain avant le scrutin présidentiel de 2025.

Le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) est sorti vainqueur du scrutin / Crédit : Sia Kambou AFP

Le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) est sorti vainqueur du scrutin / Crédit : Sia Kambou AFP

À deux ans de l'élection présidentielle, les scrutins municipaux et régionaux en Côte d’Ivoire ont des airs de test. Une fois les résultats révélés, les différents partis politiques ont pu dresser un portrait de leurs électorats potentiels. Ivoiriennes et ivoiriens étaient appelés aux urnes afin d'élire leurs représentants locaux (30 régions sur 31) et municipaux (199 communes sur 201). Le taux de participation, 44% aux régionales et 36% pour les municipales, était relativement similaire au scrutin de 2018

 

Victoire pour le parti au pouvoir 

 

Après que la Commission électorale indépendante de Côte d’Ivoire (CEI) ait égrené les premiers résultats, dimanche 3 septembre, le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, une coalition de partis ivoiriens fondée en 2005 et transformée en parti en 2018), l'a emporté dans 123 municipalités et 25 régions.

 

Une victoire écrasante, qui place le parti au pouvoir, dirigé par Alassane Ouattara (président ivoirien depuis 2011) en position de force pour les futures élections présidentielles. Ce dernier n’a pas encore donné de précisions sur ses ambitions politiques pour la fonction suprême. Le RHDP est d'obédience houphouëtiste, en référence à Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire (1960-1963).

 

Le président ivoirien, Alassane Ouattara, occupé à voter lors des élections locales 2023

Le président ivoirien, Alassane Ouattara, occupé à voter lors des élections locales 2023

Les deux principaux partis d'opposition, le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), ainsi que le Parti des Peuples Africains - Côte d’Ivoire (PPA-CI), n’ont remporté que 34 communes et 4 régions. Ces derniers s’étaient alliés dans certaines localités. Le reste des victoires ont été remportées par des candidats indépendants.

 

Regards vers la présidentielle

 

Le PDCI était affaibli par le décès de son ancien président, le controversé Henri Konan Bédié, le 1er août dernier. Le journal français Le Monde l'a décrit comme “l’une des figures les plus puissantes de la vie politique du pays”. Ce parti d'opposition tiendra son congrès en octobre prochain. 

 

De son côté, le PPA-CI, parti de l'ancien président, Laurent Gbagbo, élu président de Côte d’Ivoire en 2000, n'obtient pas les résultats souhaités. Sa formation politique fait miroiter sa potentielle candidature en 2025, alors que son âge (78 ans) et sa santé restent “tabous”. Cette défaite aux élections régionales et municipales n’est pas donc pas un signe encourageant le Parti des Peuple Africain. 

 

Laurent Gbagbo, dont la formation politique historique est le Front populaire ivoirien (FPI), qu’il a créé en 1982 avec sa compagne, Simone Gbagbo, avait été condamné en 2020 à vingt ans de prison et 329 milliards de francs CFA d’amende (environ 500 millions d'euros), pour le braquage de la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Il sera plus tard acquitté par la Cours Pénale Internationale (CPI).

 

Des personnalités réélues 

 

Des personnalités importantes de la vie politique ivoirienne ont aussi été élues. Dans la région agricole du Haut-Sassandra, le ministre de la jeunesse, Mamadou Touré, s’est imposé face à une coalition d'opposition.  Anne Ouloto, ministre de la fonction publique à quant à elle gagné contre Hubert Oulaye, un proche de Laurent Gbagbo, dans le Cavally, une région à l’Ouest du pays.

 

Enfin, Le Premier ministre Patrick Achi (Mé, sud) et le ministre de la Défense Téné Birahima Ouattara (Tchologo, nord) ont tous les deux remportés la victoire dans leurs régions. Tous les candidats de la majorité ne sont toutefois pas sortis gagnants de ce scrutin. C’est le cas du président du Sénat, Jeannot Ahoussou Kouadio, vaincu dans la région du Bélier, au centre de la Côte d’Ivoire. 

 

Accusations de fraudes 


Dans certaines localités, des candidats ont dénoncé des fraudes, notamment dans la région de Agnéby-Tiassa. C'est aussi le cas dans le quartier d’affaire d’Abidjan, ou le sortant Jacques Ehouo a assuré à l’AFP des “bourrages d’urnes massives”, ou encore à Yopougon. Quatre mois avant les élections régionales et municipales dernière, le PPA-CI de Laurent Gbagbo avait créé un organe de lutte contre la fraude électorale

 

Si l’on compare ce scrutin avec les épisodes de violences qui ont suivi certaines élections en Côte d’Ivoire (85 morts et 500 blessés après les élections présidentielles de 2020), les régionales et municipales se sont déroulées dans un calme relatif. Des débordements ont eu lieu dans certains bureaux de vote et les urnes ont été saccagées à Sarhala. Après avoir pris la température électorale du pays, les différents partis vont maintenant s'atteler à la préparation des élections présidentielles de 2025.

 

Jean Rémond