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Le meurtre d’un soldat tchadien par un infirmier français pourrait accentuer les tensions autour de la présence française au Sahel

Le meurtre d’un soldat tchadien par un infirmier français pourrait accentuer les tensions autour de la présence française au Sahel

Mardi 5 septembre, un infirmier français a tué par balle un soldat tchadien qui l’avait attaqué au scalpel. En réponse, des manifestations ont éclaté devant une base militaire française.

La base militaire de Faya Largeau / Crédit : AURELIE BAZZARA-KIBANGULA / AFP

La base militaire de Faya Largeau / Crédit : AURELIE BAZZARA-KIBANGULA / AFP

Commune de Faya Largeau, Nord du Tchad. Mardi 5 septembre, un infirmier français a tué par balle un militaire tchadien qui l’avait agressé au scalpel alors qu’il était en train de se faire soigner au sein d’une base des forces françaises, dans la commune de Faya Largeau (région de Borkou).

 

Enquête en cours

 

“On ne connaît pas les raisons de l’attaque. L’infirmier a reçu trois coups de scalpel au thorax, à la tête et au cou mais son état est stabilisé”, a déclaré anonymement un responsable des forces françaises au Sahel, cité par le journal français Le Monde. Selon le média Afrik Soir, se référant aux dires de l’état-major des armées à Paris, l’infirmier serait un “sous-officier sous expérimenté”. 

 

Les faits se seraient produits lors d’une consultation médicale ouverte à la population locale. Une enquête, menée par les armées tchadienne et française, est en cours.

 

Des citoyens manifestent

 

La nouvelle s’est vite répandue. En réponse, la population locale a manifesté devant la base française de Faya-Largeau. Une fois la nuit tombée, les mouvements de protestation se sont arrêtés. Selon Ali Maïde Kebir, gouverneur de la région du Borkou cité par l'AFP, plusieurs personnes auraient “tenté [de] pénétrer [dans la base française. NDLR] mais sans succès”. 

 

La version selon laquelle le soldat tué aurait attaqué l’infirmier, qui aurait alors utilisé son arme de service par légitime défense, ne passe pas au sein de l'opinion public tchadien. Dans ce pays d’Afrique centrale, le rejet de la présence française est de plus en plus important. En 2022 avait déjà eu lieu des mouvements de protestation contre la présence française au Tchad. En clair, il est reproché à la France ses ingérences et son soutien affiché à la junte au pouvoir, alors même qu’elle condamne des systèmes similaires dans d'autres pays d’Afrique (Burkina, Mali, Niger etc.). 

 

Rappelons que la France a colonisé le Tchad de 1920 (considéré comme protectorat français dès 1900), à 1960.

 

La France, accusée de soutenir le “système Déby”

 

En 2021, le président tchadien Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 31 ans, est tué au front, à la suite d’un mouvement de rébellion. La même journée, son fils, Mahamat Idriss Déby Itno, prend les reines et s'assoit à son tour sur le trône. Il est nommé “président de la transition”, derrière une junte de 15 généraux, et s’empresse de dissoudre le Parlement, le gouvernement et suspend la Constitution, le tout en s'emparant des pleins pouvoirs. Reste que la France a officiellement reconnu la junte militaire

 

Alors que les forces françaises ont été forcées de quitter le Mali, le Burkina Faso et plus récemment le Niger (des discussions discrètes ont été engagées entre la junte au pouvoir et le gouvernement français), la pression s’accentue contre les militaires français au Tchad. Près de mille soldats y seraient présents, dont une quarantaine dans la base de Faya-Largeau.

 

Jean Rémond